Wendake

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Wendake : « là où habitent les Wendat ». Territoire d’un peuple millénaire d’agricultrices et de chasseurs, de guerriers aguerris et de fins diplomates, de commerçants hors pair dont la langue s’est imposée comme lingua franca de l’île de la Grande-Tortue, nom véritable de l’Amérique. Wendake, une confédération démocratique originale au cœur d’une grande alliance militaire et commerciale. Wendake, un toponyme référant jadis à un pays vaste comme un continent, s’étendant de l’embouchure de la Grande Rivière jusqu’aux Grands Lacs.

Wendake, un toponyme aujourd’hui réduit à un minuscule lopin de terre niché aux abords de la rivière Akiawenhrahk. Wendake, « réserve indienne » numéro 7 au sens de la Loi sur les Indiens. Wendake, seule réserve wendat subsistant au Canada. Wendake, une communauté complètement encerclée par la nouvelle cité de Québec, née de la fusion des municipalités voisines au tournant du XXIe siècle. Wendake, toujours résiliente malgré les aléas de l’histoire. Wendake, fière héritière de l’ancienne cité wendat de Stadacone, située quelques kilomètres au sud, là où l’Akiawenhrahk rejoint le fleuve. 

Stadacone, cité prospère et accueillante, chef-lieu de la région orientale du pays wendat, violemment secouée au XVIe siècle par les microscopiques envahisseurs buboniques des explorateurs français. Face à l’Apocalypse, les survivants se replient momentanément aux abords du lac Huron, au cœur du Wendake d’alors. Mais les mythes et légendes se souviennent qu’aux débuts des temps, les Ancêtres ont été façonnés sous les montagnes au nord du fleuve. Et bientôt, l’attrait des origines se fait sentir, tout comme les occasions d’affaires amenées par Champlain et les siens. Après avoir accepté la France dans l’Alliance nord-américaine, les Wendat reviennent progressivement s’abreuver à la Grande Rivière. Malheureusement, le partenaire européen sème de nouvelles vagues de maladies et de violences au cœur du pays. Si bien qu’au milieu du XVIIe siècle, le Wendake s’effondre et son peuple décimé ruisselle aux quatre directions.

Plusieurs rejoignent leurs sœurs et leurs frères déjà rétablis auprès de la Grande Rivière, notamment à Sillery. Mais les colons français grugent de plus en plus le territoire disponible et leur mode d’occupation ne respecte en rien la coutume du pays, qui est de déménager le village aux dix ans afin de préserver la terre. De plus en plus à l’étroit, les Wendat déménagent à l’île d’Orléans, Québec, Beauport, Sainte-Foy et L’Ancienne-Lorette avant de s’établir définitivement aux abords de l’Akiawenhrahk, au sommet de la chute Kabir Kouba, en 1697.

À Roreke : « là où se trouve (l’église de) Lorette ». Les colons et les visiteurs européens prendront l’habitude de nommer la communauté la Jeune-Lorette, puis au XIXe siècle, Indian Lorette ou le « village des Hurons de Lorette ». Par économie de langage, les toponymes de « Village-des-Hurons » et « Village-Huron » s’imposeront au siècle suivant.

Ce n’est qu’au milieu des années 1980 que la réserve sera officiellement rebaptisée « Wendake. » En signe de résilience. En souvenir d’une histoire riche. En l’honneur du pays perdu. Wendake : « là où habitent les Wendat ». Fière héritière d’une civilisation millénaire.

Louis-Karl Picard-Sioui

Teharihulen Michel Savard

English

Wendake: “where the Wendat live.” Home to a thousand-year-old tradition of farmers, hunters, seasoned warriors, skilled diplomats and exceptional tradespeople whose language became the lingua franca of Turtle Island, the true name for America. Wendake, an original democratic confederation at the heart of a great military and commercial alliance. Wendake, a toponym that once referred to a land as vast as a continent, extending from the mouth of the Great River all the way to the Great Lakes. 

Wendake, a toponym that has been reduced to a tiny parcel of land nestled along the Akiawenhrahk River. Wendake, “Indian Reserve 7” under the Indian Act. Wendake, the only Wendat reserve in all of Canada. Wendake, a community entirely surrounded by the recently formed Quebec city, following a merger with several neighbouring boroughs at the turn of the 21st century. Wendake, always resilient despite the vagaries of history. Wendake, proud heir to the former Wendat village of Stadacona, located a few kilometres to the south, where the Akiawenhrahk River meets the Great River. 

Stadacona, a prosperous and welcoming community recognized as the capital of the eastern region of Wendat country, was devastated by diseases brought over when French explorers arrived in the 16th century. Faced with the Apocalypse, the survivors temporarily retreated to the shores of Lake Huron, in the heart of what used to be Wendat territory. According to Wendat oral tradition, the Ancestors emerged from underneath the mountains on the north shore of the Great River. Soon these stories, coupled with opportunities to trade with Champlain and his men, prompted the Wendat to return. After accepting France into the North American alliance, the Wendat gradually returned to drink along the banks of the Great River. Unfortunately, the Europeans brought new waves of disease and violence. By the middle of the 17th century, a decimated Wendake collapsed and its people fled in all directions. 

Many joined relatives who had already settled along the Great River, near modern-day Sillery. But the French continued to snap up land, refusing to respect the local custom of moving the village every ten years in order to preserve the earth. Feeling squeezed by the colonists, the Wendat moved to the Île d’Orléans, Quebec city, Beauport, Ste-Foy and L’Ancienne-Lorette before settling permanently along the Akiawenhrahk River, at the top of Kabir Kouba Falls, in 1697.

They named it Roreke, “place of (the church of) Lorette.” Gradually, European settlers and visitors began calling the community “Jeune-Lorette,” and then in the 19th century, “Indian Lorette” or the “Huron village of Lorette.” The following century, a natural tendency towards economy prompted the toponyms “Village-des-Hurons” and “Village-Huron.”

The reserve wasn’t officially renamed “Wendake” until the mid-1980s. As a sign of resilience. In memory of a rich history. In honour of a lost country. Wendake: “place where the Wendat live.” Proud heirs to a thousand-year-old civilization.

Louis-Karl Picard-Sioui

Artistes

Louis-Karl Picard-Sioui, auteur (site)

Teharihulen Michel Savard, illustrateur

 

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