Nottingham

Français / English

Nottingham. C’est pas knotting. Pas ham. Pas de knotting ham.

No’num.

C’est pas ça.

Ça mord pas.

Morve. Morve, l’Anglo-Saxon, le Morviatgham, domaine du maître. Demeure des gens du Morviat.

Sauf que ça appartient pas à personne.

C’est pas ça.

 

C’est un knot, un nœud.

De Saxons et de Normands et de tous ceux qui se sont pointés depuis.

Un nœud de cavernes sous les pieds. Snottenga. Des boyaux tordus à travers la ville, sous les pavés, en haut en bas.

En dessous du château, le château rasé quand la guillotine est tombée directement sur le divin droit de régner. Parce que le monde a dit Non. Pas en notre nom.

 

Knots, comme dans des entrelacements noueux de dentelle, la dentelle de Nottingham, qu’on porte ici et là et au-delà. Entre la pêche et l’archerie, près du portail, les oies ont visité le marché, les femmes s’occupaient des nœuds dans les échoppes d’en haut, pour les exposer en bas.

 

Et en dessous, les cavernes.

Les knots que le peuple de Notts appelait home.

Les cavernes où ils sont revenus, pour se cacher, se protéger des sirènes et des avions qui lâchaient des bombes et des balles de mitrailleuse qui pleuvaient sur la ville.

Su’a ville : on tahn. 

Tan, comme dans tanner, tanneurs, les peaux qu’on transformait en cuir dans les souterrains.

En dessous de ce grand marais, marsh, qui n’est pas, n’est plus, ni marsh ni mollo.

Et maintenant? What now?

      

Pas now.

Pas nah. Nah.

Parce que si y a une chose que Notts est pas, c’est bien une relique.

C’est pas un mythe.

C’est pas un coq avec un luth et un gros accent du sud.

C’est pas Kevin Costner.

Mais c’est peut-être un renard (non, ça c’est plus Leicester).

Et peut-être aussi un jeune avec son hood, des gars joyeux, des femmes et des iels, un beau doigt d’honneur dirigés vers Eux. À dire non à la pourriture brune.

Parce que si y a une chose que les luddites étaient pas, c’est bien figés sur place. Z’étaient pas enracinés dans le passé. Les travailleurs ont dit non aux pistons qui remplaçaient les humains. Z’ont dit non, oublie ça, on vaut pas rien.

Si y a une chose qu’une pendaison était pas, c’était bien une image de la justice.

Et ces gens-là, z’avaient pas tort.

Ils ont gagné.

      

Parce que Notts, en fait, c’est le Major Oak, avec son tronc noueux, aussi dur que du bois. Aussi plein de lumière.

Qui s’essaye et vise dans le mille, shot, Shotthingham (la raillerie qui hante la ville).

Robbing des bois le bûchera jamais, parce que c’est pas son rôle d’être bûché.

Son poète était un héros, mais en même temps : non.

Un thot who fought.

Et Ada – pas loveless mais love lace, dentelle de l’amour – aurait pu lui tenir la plume, mais son père, elle n’était pas. Elle s’est fait son propre algorithme, elle s’est forgé sa propre pensée.

Lawrence, lui, était pas pas Constance, il a dit non à la répression, parce que la liberté est dans le fait de le dire.

Et voilà l’autre qui arrive, Petit Jean, Little John, pas l’homme, la cloche, dont le glas résonne les samedis soirs et les dimanches matins, à travers les murs des pubs de Chapel Bar et des marchés de Sneinton (à ne pas confondre avec les fermes du peuple de Snot, c’est pas la même affaire), à travers les vigiles et les parades de la fierté et les manifs.

Les voix de fer, dont la puissance vient de Watts.

Don’t blame the Blacks, blâmez pas les Noirs.

Les femmes n’ont pas à être vos seconds violons.

Non. Do. Not.

 

Parce que Notts se nouera jamais comme un knot.

Sera jamais ce qu’elle a jamais été.

Notts c’est Notts.

 

Polis Loizou

Hannah Radenkova

English

 

Nottingham.

Not knotting. Not ham. Not knotting ham.

No’num.

It’s not.

Iss no’.

Snot. Snot, the Anglo-Saxon, and Snotingaham, the ruler’s domain. The home of the people of Snot. 

Except it’s not one person’s anything.

It’s not.

 

It’s a knot.

Of Saxon and Norman and all who’ve been here since.

A knot of caves beneath its feet. Snottenga. A tangle of guts through town, under pavement high and low. 

Beneath the castle, the castle razed when the guillotine fell on divine right to rule. Because the people said No. Not in our name.

 

Knots as in knotted webs of lace, Nottingham lace, worn from here to there and yonder. 

Between fishers and fletchers, by the gate (gat) the geese marched through to market, women trimmed them knots in the top shops for displays down below.

 

And below, them caves.

Them knots the people of Notts called home. 

The caves where they returned, hid out on the siren’s sound as planes dropped bombs, as bullets rained down on town.

On tahn

Tan, as in tanning and tanners, as the hides worked to leather underground.

Under that broad marsh, which is not, not anymore, neither marsh nor mall.

What now?

 

Not now.

Not nah. Nah.

For what it’s not, Notts, is a relic.

What it’s not is myth. 

What it’s not is a rooster with a lute and a Deep South drawl. 

What it’s not is Kevin Costner. 

But it might be a fox (though that’s more Leicester).

And it might be a hooded youth, merry men and femmes and thems, sticking fingers up at Them. Saying no to rot.

Coz what the Luddites were not, was stuck. What they were not, was rooted to a spot in the past. The workers said no to persons being swapped for pistons. Said not, no, to being worth nowt.

What hanging was not, was justice.

What those people were not, was wrong.

They won.

 

For Notts is a Major Oak, with its knotted trunk, as sure as wood. As full of light.

It takes its shots, Shottingham (the taunt that haunts this town).

Robbing hoods won’t take it down, because it’s not what it’s thought to be.

Its poet was a hero, but also not. 

A thot who fought.

And Ada —not loveless, love lace— might have held his quill, but her pa she was not. Set her own algorithm, forged her own thoughts.

Lawrence was not not Constance, said no to repression ’cause freedom is in expression.

And through the place comes Little John, not man but bell, whose knell resounds on Saturday nights and Sunday mornings, through bars on Chapel Bar and Sneinton markets (the farmstead of the people of Snot it’s not), through vigils and Prides and demos.

Voices of Irons, powered by Watts.

Don’t Blame the Blacks.

Women are not to be your second thought.

Not. Do not.

 

Because Notts is not to be tied in knots.

It’s not what it never was.

It’s Notts.

 

Polis Loizou

Artistes

Polis Loizou, autrice (site

Hannah Radenkova, illustratrice (site, Instagram, Twitter)

 

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