Entrevue avec Emte, contributeur à l'exposition Toponymie

Dans le cadre de l’exposition Toponymie, un artiste issu d’une des villes participantes est venu voir son travail exposé à Québec. Emte est illustrateur à Jakarta, ville de littérature UNESCO (siteInstagram). 

Emte, vous avez fait un long voyage pour venir voir votre œuvre. Est-ce que votre travail est souvent exposé à l’international? 

Oui! Je suis artiste indépendant, mais j’expose dans plusieurs galeries de par le monde. Avant la pandémie, j’ai participé à une merveilleuse foire artistique à Londres en Angleterre, et en 2019, mon travail était exposé à Seoul et à New-York. Donc je peux raconter à mes amis que j’ai été à New-York, à Francfort, à Shanghai… 

Quelle a été votre formation artistique? 

J’ai obtenu en 2004 un diplôme en conception graphique de l’Institut Kesenian Jakarta (Institut des arts de Jakarta). Ça m’a permis de faire le graphisme et la mise en page de mon dernier livre ainsi que les illustrations; je suis plutôt autosuffisant dans ce domaine. Ensuite, c’est l’amour du dessin qui m’a poussé vers l’illustration, mais les deux disciplines sont complémentaires et se nourrissent l’une l’autre.  

Oui, cela paraît dans votre travail. La mise en page de ce livre, justement, Life as We Know It, est intéressante. On se sent vraiment en plein Jakarta et on comprend un peu mieux la ville. 

Merci! J’essaie de faire en sorte que mon art représente le plus honnêtement possible la réalité à Jakarta. C’est une ville polluée, c’est vrai, c’est pourquoi je le dessine! C’est important pour moi l’honnêteté dans l’art. Dans mon livre, vous retrouverez plusieurs situations réelles vécues dans les rues de Jakarta comme acheter des légumes dans une voiture ou encore dans les kiosques de rues. 

Vous avez présenté ce livre à la Foire du livre de Francfort cette année. Le style artistique est similaire à celui de votre illustration pour Toponymie. Cette dernière est-elle tirée du livre? 

Non, pas du tout! Mais le livre, tout comme l’illustration, est basé sur mon expérience personnelle de la ville de Jakarta. C’est une ville bondée, avec des bouchons de circulation dans toutes les rues. Pour nous, les gens qui y habitons, on sait que Jakarta a ses failles, mais c’est ce qui nous forme comme citoyennes et citoyens. Nous sommes un peuple résilient qui peut s’adapter à toute situation. Je dessine beaucoup de vélos et de motos parce que c’est une solution temporaire aux bouchons. Ici, les gens vivent beaucoup à moto : ils y vendent des légumes, des services de taxi et toutes sortes de produits.  

Ce que vous venez de dire fait écho au texte de l’auteur de Jakarta pour Toponymie. Le connaissez-vous personnellement? 

Oui, bien sûr. La première fois que j’ai rencontré Fariq [Alfaruqi], nous sommes allés ensemble à une foire littéraire à Londres. Et puis, on a des amis en commun. C’est un très bon écrivain, comme vous pouvez le voir en lisant son texte pour Toponymie. Quand on préparait cette exposition, je lui ai décrit brièvement mon concept pour l’illustration, et, à partir de ça, il a écrit ce magnifique texte en ajoutant tout un contexte à mon travail. 

L’illustration que vous avez faite pour Toponymie est une aquarelle. Travaillez-vous aussi avec d’autres médiums? 

Oui, parfois. J’utilise beaucoup l’aquarelle, mais je travaille aussi avec l’acrylique. Ma dernière exposition était entièrement à l’acrylique liquide. J’aime la transparence, la possibilité de superposition et la fluidité que me permettent ces médiums. 

Quand on voit vos illustrations, on remarque que chaque dessin est comme une petite histoire.  

Oui, j’essaie toujours que ce soit le cas. Pour faire une œuvre d’art, il faut une histoire à raconter. N’importe quelle histoire! C’est ce que j’incorpore à l’ensemble de mon travail; en peinture, en illustration et en BD. 

Jakarta est une ville de littérature UNESCO depuis 2021. Voyez-vous les effets de la désignation sur les relations entre les artistes visuels et les auteurs et les autrices et sur les opportunités de collaboration comme celle-ci? 

Oui, complètement! Jakarta a beaucoup de nouveaux projets qui impliquent les artistes, les autrices et les auteurs. Beaucoup de mes collègues illustratrices et illustrateurs et ont des projets en collaboration avec des autrices ou des auteurs – dont plusieurs albums pour enfants et des festivals d’illustration. C’est dans les festivals et les foires consacrées à l’illustration qu’on a l’occasion de se rencontrer, de partager autour de nos projets, de se faire des amis et de trouver des collaboratrices et des collaborateurs potentiels. 

Avant de terminer, avez-vous autre chose à ajouter? 

Oh, je ne sais pas. Ça fait vingt ans que je suis artiste, et je m’amuse dans tous mes projets. J’adore mon travail et le fait qu’il me fasse voyager. Comme aujourd’hui, il m’amène à Québec! Les projets comme Toponymie sont ce que j’aime le plus de l’illustration. 

Merci!