Slemani

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Les origines de Slemani

La ville de Slemani fut fondée en 1784 par des princes de Baban, dans un endroit situé à proximité d’une imposante colline à valeur archéologique. Les princes érigèrent leur palais sur cette butte artificielle et firent construire des bâtiments administratifs à l’est. En creusant les fondations, ils découvrirent des pièces de monnaie, une pierre recouverte d’une écriture inconnue et plusieurs jarres – dont certaines contenaient des crânes humains ! Claudius Rich, un archéologue anglais qui visita Slemani en 1820, disait avoir entendu de la bouche du baban Mahmoud Pacha que des artéfacts domestiques avaient été retrouvés lors de la construction de la nouvelle ville.  

En 2005, alors que l’on construisait le très moderne Kaso Mall, au nord-ouest de cette fameuse colline archéologique, deux sceaux furent retrouvés, qui dataient de l’époque Jamdet-Naser (Ninive V), ainsi que des tessons de poterie de la période d’Obeïd et des crânes de taureaux, dont les cornes avaient été taillées à l’aide d’outils pointus. Ces preuves accumulées permettent d’affirmer que la ville est construite sur un ancien site habité remontant au quatrième ou cinquième millénaire avant notre ère. 

D’autres découvertes archéologiques eurent lieu sur les sites de Kunara et de De Kon, à l’ouest de la ville, le long des berges des rivières Qiliasan et Tanjero. De nombreuses tablettes cunéiformes datant de l’époque des Lullubis, aux deuxième et troisième millénaires avant notre ère, furent déterrées. Dans son livre The History of Slemani (1951), l’historien kurde Amin Zeki entérine les idées de W. H. Lane dans Babylonian Problems (1923), avançant que la version moderne de Slemani fut érigée sur les ruines de Celonae, une ville mentionnée par l’historien romain Quintus Curtius Rufus (premier siècle de notre ère), dans son ouvrage intitulé Histoire d’Alexandre le Grand. Celonae y est décrite comme une ancienne cité des Lullubis et des Goths, située entre les gorges de Bazian et d’Akbatan. 

En 1920, le gouverneur britannique de la ville, le Major Ely Soane, publia un décret dans le journal Peshkewtan, ordonnant que le nom de la ville soit écrit à l’anglaise, soit « Slemani ».

Plusieurs théories circulent à propos de l’origine de ce nom. Parmi celles-ci :

  1. Plusieurs portèrent ce nom dans la famille des Baban, comme Soliman Babay, fils de Faqi Ahmadi Darashmana, Soliman Pacha le Grand, et même un fils d’Ibrahim Babanian Pacha. Certains historiens croient qu’Ibrahim Pacha nomma la ville en l’honneur de son grand-père, le Soliman Pacha le Grand.
  2. Le gouverneur de Bagdad, le pacha Soliman Kulemand, était présent à l’inauguration de la ville, et d’aucuns prétendent qu’Ibrahim nomma la ville en son honneur.
  3. On raconte que lors de l’excavation des fondations de la ville, les ouvriers trouvèrent un anneau orné du sceau du prophète Salomon. Lorsqu’il arriva dans les mains du roi Ibrahim, il le considéra aussitôt comme une coïncidence sacrée et une bénédiction, nommant la ville en l’honneur du prophète.

Dr. Dlshad A. Marf Zamua

 

Sources : 

  1. Archaeology and the Ancient Names of the Old Cities under Slemani in the Light of the Cuneiform and Classical Records and the Archaeological Evidence, par le Dr DLshad A. Marf Zamua, professeur assistant du Département d’archéologie, Université de Souleimaniye.
  2. Site du gouvernement پارێزگای سلێمانی (gov.krd)

 

Un poème de Sherko Bekas (1940-2013)

Ne demande pas comment !

Lorsque le cœur se change en caille des blés et que Slemani devient son nid

La poésie, alors, se fait ciel, et nuées de mots,

Verts et rouges, vole parmi eux!

Ne demande pas comment ! Comment de cette tête enflammée

Il ne reste qu’une bande basse de nuages au-dessus du mont Azmr (1), qui

Tout en hurlant de douleur, gronde

Et retombe

En pluie dans les rues et sur les maisons

La poésie, alors, se fait source, jaillissement

Elle coule de ces yeux à flanc de colline!

Ne demande pas comment ! Si le chagrin ne veut pas se faire éclair

Si l’amour violet de tes yeux

Ne veut pas se faire sentier ou éclat,

Comment ces bourgeons blessés que sont ces miens poèmes,

Dans cette poitrine gelée,

Pourraient-ils fleurir?

Comment le son se ferait-il orage, et

Comment l’onde dormirait-elle en mon âme?

Ne demande pas comment!

Non, ne demande pas!

Dès lors, pour moi,

Chaque jour

Entre les yeux du mont Goyzha (2) et

Le cou du mont Piramagrun (3)

Mon amour devient le pigeon commun des peshmergas qui

Apporte l’ultime lettre du martyre et,

Claquant des ailes, est déjà reparti.

Ne demande pas comment!

Dès lors, pour moi

Chaque nuit

L’amour de « Slemani »

Devient la lune rouge qui

Dans la neige de mes poèmes

Se lève graduellement!

Ne demande pas comment! Non, ne demande pas,

Le poète est un moineau migrateur

Qui chante à peine quelques saisons l’amour pour son sham (4)

Puis, ce n’est plus qu’une mélodie et il ferme les yeux!

 

(1) Azmr est une montagne à l’est de Slemani

(2) Goyzha est une autre montagne à l’est de Slemani

(3) Piramagrun est une montagne, au nord de Slemani, dont le sommet est le plus élevé aux alentours de Slemani

(4) La sham est une bougie utilisée par les poètes kurdes comme symbole de l’être aimé, dont l’odeur attire les papillons la nuit.

La source peut être consultée ici.

Nasih Ali Xayat

کوردی

کتێبی: کەشکۆڵی پێشمەرگەشێرکۆ بێکەس (1940-2013)

مەپرسن چۆن؟

کە دڵ ئەبێ بە سوێسکە و «سلێمانی» بە هێلانەی

ئیتر شیعریش ئاسمانێکە و پۆل پۆل وشەی

سەوز و سووری تێدا ئەفڕێ!

مەپرسن چۆن؟ کە ئەم سەرە گڕگرتووەیش

ئەبێ بە پەڵە هەورێکی نزم و نەویی سەر «ئەزمڕ» و

بە دەم گینگڵی ژانەوە، گرمەگرم

بۆ بەرەوخوار دائەگەڕێ

بە سەر شەقام و ماڵاندا دائەبارێ

ئیتر شیعریش سەرچاوەیەکە و قوڵپەقوڵپ

لەم بناری چاوانەوە هەڵئەقوڵێ!

مەپرسن چۆن؟ گەر خەم نەبێ بە برووسکە

گەر ئەوینی وەنەوشەییی چاوی ئێوە،

نەبێ بە ڕێگا و ترووسکە

چرۆی ئەم زامی شیعرانەم

لەم بەستەڵەکی سنگەدا

چۆن ئەپشکوێ؟!

دەنگ چۆن ئەبێ بە ڕەشەبا و

شەپۆل چۆن لە گیانما ئەنوێ؟!

مەپرسن چۆن؟

نەء، مەپرسن!

ئیستە لای من

هەموو ڕۆژێ

لەنێوان چاوانی «گۆیژە» و

گەردنی «پیرەمەگروون»دا

خۆشەویستیم: کۆترەشینکەی پێشمەرگەیە و

نامەی دوا شەهیدی پێیە و

شەقژەنێتی دێت و ئەچێ

مەپرسن چۆن؟!

ئیستە لای من

هەموو شەوێ

خۆشەویستیی «سلێمانی»

مانگی سوورە و

لەناو بەفری شیعرەکانما

ورد ورد هەڵدێ!

مەپرسن چۆن؟ نەء، مەپرسن

شاعیر وەکوو پەڕەسێلکەی کۆچەر وایە

هەرچەند وەرزێ بۆ «شەم»ی یار ئەجریوێنێ و

ئیتر ئەویش ئاوازێکە و چاو لێک ئەنێ!

Slemani’s Name

The city of Slemani was founded in 1784 A.D. by Babanian princes in an area near a huge archaeological hill. The princes built their palace on this artificial hill and their administrative buildings to the east of it. When they dug the foundations, they discovered coins, a stone with an unknown script, and many jars—some of which contained human skulls! Claudius Rich, a British archaeologist who visited Slemani in 1820, said he heard from Babanian Mahmud Pasha that some household artifacts were found during the construction of the new city.

In 2005, when the modern Kaso Mall was constructed to the northwest of this archaeological hill, two seals were found dating back to the Jamdet-Naser (Nineveh V) period, along with Ubaid potsherds and some bull skulls, whose horns were cut with a sharp instrument. This evidence indicates that the city was built on a settlement dating back to the 4th or 5th millennium B.C. 

There have been other archaeological discoveries in Kunara Hill and De Kon Hill in the western part of the city, along the banks of Qiliasan and Tanjero rivers. Many cuneiform tablets were unearthed, which can be linked to the Lolo in the second and third millennia B.C. In his book The History of Slemani, Kurdish historian Amin Zeki (1951) agrees with Lane (1923) in his book Babylonian Problems, proposing that modern Slemani was built on the long-lost city of Celonae, mentioned by Roman historian Quintus Curtius Rufus (1st century A.D.) in his book Histories of Alexander the Great. Celonae was thought to be an ancient city of Lolo and Goths, located between the gorges of Bazian and Akbatan.   

In 1920, the city’s British governor, Major Ely Soane, published a decree in the newspaper Peshkewtan ordering Slemani’s name in official documents to be written as “Slemani” instead “Sulaimaneyah.”  

There are several opinions as to the origin of Slemani’s name, as follows:

  1. There were many names in the Babani family, such as Sulaiman Babay, son of Faqi Ahmadi Darashmana, Sulaiman Pasha the Great, and a son of Ibrahim Babanian Pasha. Some historians believe that Ibrahim Pasha named Sulaimani after his grandfather, Sulaiman Pasha the Great.
  2. Governor of Baghdad Sulaiman Pasha Kulemand was there at the time of Slemani’s founding, and some believe that Ibrahim Pasha named the city Slemani after him. 
  3. It is said that during the excavation of the city’s foundations, workers found a ring with the seal of Prophet Solomon engraved on it. When it reached King Ibrahim’s hands, he regarded it as a sacred coincidence and a blessing, and named the city after the Prophet Solomon.

Dr. Dlshad A. Marf Zamua

 

Sources: 

  1. Archaeology and the Ancient Names of the Old Cities under Slemani in the Light of the Cuneiform and Classical Records and the Archaeological Evidence, by Asst. Prof. Dr. Dlshad A. Marf Zamua, Archaeology Department, University of Sulaimani.
  2. Slemani Governorate’s website پارێزگای سلێمانی (gov.krd)

 

A poem by Sherko Bekas (1940-2013)

Don't ask how!

When the heart becomes a common quail and Slemani its nest

Poetry, then, is a sky, and flocks of words,

Green and red, fly in it!

Don't ask how! That this blazing head

Becomes a low and inferior piece of cloud over Azmr, and

While writhing in pain, roaring

Descending down

Raining on streets and houses.

Poetry, then, is a spring, gushing

It flows from these eyes’ hillsides!

Don't ask how! If sorrow wouldn’t become lightning

If the violet love of your eyes

Wouldn’t become a pathway and flash,

How would wound-bud of these poems of mine,

In this chest-frost,

Bloom?

How does sound become thunders, and

How does the wave sleep in my soul?

Don't ask how!

Nay, don't ask!

Now, for me,

Every day

Between the eyes of Goyzha and

The neck of Piramagrun

My love is the Peshmerga rock-dove and

Carries the last martyr’s letter, and 

Wing-clapping, it comes and goes.

Don't ask how!

Now, for me

Every night

Love of “Slemani”

Is the red moon, and

In my poems’ snow

It gradually rises!

Don't ask how! Nay, don't ask,

The poet is like a migrant sparrow

Only for a few seasons he tweets for his beloved sham and

Then, it is only a melody and closes its eyes!

 

Source available here

 

Artistes

Dr. Dlshad A. Marf Zamua, auteur

Sherko Bekas, poète 

Nasih Ali Xayat, photographe 

 

Le texte est tiré de l'article « Archaeology and the ancient names of the old cities under Slemani in the light of the cuneiform and classical records and the archaeological evidence ».

 

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