Seattle
La nuit, alors que les rues de nos villes et villages sont silencieuses et qu’on les croit désertes, affluent ces hôtes revenants qui peuplaient et aimaient ce magnifique territoire. L’homme blanc ne sera jamais seul. Qu’il soit juste et bienveillant avec les miens, car les morts ne sont pas impuissants. – Chef Si’ahl
Aux balbutiements de la ville, les colons de 1850 voulaient la nommer en l’honneur du chef Seattle. Il était bien décidé à ne pas les laisser faire. Il s’agissait d’un choc des cultures. Pour la première, l’anglo-chrétienne, c’est une distinction que de nommer en honorant quelqu’un. Ce faisant, on commémore la personne, dont le souvenir ne mourra jamais. Pour la seconde, il est strictement prohibé de donner à une chose le nom d’une défunte ou d'un défunt, car son souvenir doit mourir afin qu’il puisse revivre à travers la lignée de sa famille. Ce système de croyances est décrit par le Dr Jay Miller dans son livre Shamanic Odyssey. Or, lorsque ces colons clamèrent « Nous t’honorons, chef Seattle, nous t’honorons tant que nous voulons que cette ville porte ton nom », la réaction du chef Seattle fut la suivante : « Je ne serai jamais oublié et je n’aurai jamais l’occasion de revenir à la vie, à travers la lignée de mes descendants. » Les colons s’apprêtaient à faire une chose terrible. Ils lui prirent son nom et insistèrent pour le commémorer, ce qui l’empêcha de revenir d’entre les morts.
Il est de notoriété publique que le chef Seattle était un ami des blancs. Il les protégeait, veillait sur eux. Puis vinrent ces nouveaux blancs, ces colons, qui s’installèrent et ne firent que prendre, prendre, prendre. Ironiquement, dans ce Nouveau Monde où la richesse ne se calcule qu’en dollars, le chef Seattle ne reçut jamais le pécule qu’on lui avait promis. Pour tout dire, il vendit son droit à revenir en ce monde. Il mourut, captif d’un purgatoire, à attendre l’argent destiné à son peuple et que le gouvernement ne livra jamais. En 1865, les politiciens blancs de Seattle bannirent les Indiens de la ville. Nos villages furent incendiés. Nous fûmes chassés de nos terres. Ces nouveaux arrivants prenaient, prenaient, prenaient, et ne redonnaient jamais rien.
Il semble que le monde soit encore en plein bouleversement. Aujourd’hui, plus de 20 000 personnes ont choisi, de leur propre chef, d’aider la Nation Duwamish par l’entremise d’un programme d’entraide appelé Real Rent, instauré ici même à Seattle. Grâce à leurs dons, les « Real-Renters » aident les Duwamish à conserver la maison longue duwamish et à garder ouvert le centre culturel qui offre un soutien à mon peuple. Real Rent est un mouvement citoyen, ses participants font une grande différence pour la Nation Duwamish du chef Seattle. Les « Real-Renters » redonnent ce qui a été pris. En conclusion, nous les Duwamish savons qui nous sommes, nous savons d’où nous venons, et nous continuons à veiller sur ces terres où vivaient nos ancêtres.
Pour en savoir plus sur le programme « Real Rent » : realrentduwamish.org
Ken Workman
At night, when the streets of your cities and villages are silent and you think them deserted, they will throng with the returning hosts that once filled and still love this beautiful land. The white man will never be alone. Let him be just and deal kindly with my people, for the dead are not powerless. - Chief Si’ahl
When the city was founded in the 1850s, colonists wanted to name their town after Chief Seattle—but he was set on not having it named after him. This represented a clash of cultures. The Anglo Christian culture honours a person by naming something after them. In doing so, that person becomes memorialized, and their memory can never die. Yet many Indigenous cultures prohibit naming things after a person; their memory has to die in order for them to come back as part of the bloodline of the person who has passed. This belief system is described by Dr. Jay Miller in his book Shamanic Odyssey. So, when these colonizers said, “We honour you so much, Chief Seattle, that we want to name this town after you,” Chief Seattle interpreted that as, “I will never be forgotten, and I will never have an opportunity to return to life in the bloodline of my descendants.” He believed the colonizers were doing a terrible thing: by taking his name and memorializing him, they were preventing him from returning from the dead.
It's well known that Chief Seattle was friends with the whites. He protected them and looked after them. But there were these new white folks, the colonizers, who arrived and just kept taking and taking and taking. The irony is, in this new world that measures wealth in dollars, Chief Seattle never got his promised money. He essentially sold his ability to return to this world. Once he died, he was stuck in purgatory waiting for money for his people from a government that never delivered it. In 1865, the town’s white leaders banned Indians from living in Seattle. Our villages were burned to the ground. We were chased off our land. It was take-take-take by these new people and never give back.
It feels like the world is changing again today. More than 20,000 people have chosen, of their own free will, to help the Duwamish tribe through a giving process known here in Seattle as “Real Rent.” Through their donations, the Real Renters are helping the Duwamish to keep the Duwamish Longhouse & Cultural Center doors open, thereby helping to support our people. Real Rent is a bottom-up movement and Real Renters are making a measurable difference for Chief Seattle’s Duwamish Tribe. Real Renters are giving back. In conclusion, we Duwamish know who we are, from whence we come, and continue to care for this place where our ancestors reside.
Learn more about “Real Rent” at realrentduwamish.org.
Ken Workman
Artistes
Ken Workman (auteur) est l’arrière-arrière-arrière-arrière-petit-fils du chef Seattle. Aujourd’hui à la retraite, il a travaillé comme analyste des systèmes de données pour le département des opérations de vols de Boeing. Ken est actuellement président des Services de bande de la Nation Duwamish et également membre du Conseil de bande de la Nation Duwamish. Il a siégé aux conseils d’administration de deux organismes sans but lucratif, la Duwamish River Cleanup Coalition et la Southwest Seattle Historical Society. Ken profite de sa vie de retraité près de la rivière, dans les montagnes à l’est de Seattle.
Photo : courtoisie de Visit Seattle (site)