Slam-O-Vision
Slam-O-Vision est une compétition internationale de slam initiée par Melbourne en 2019 et organisée chaque année depuis par la ville championne en titre. Les slameuses et slameurs des villes de littérature UNESCO participantes s'affrontent virtuellement dans une compétition amicale. Le public international est invité à voter pour sa performance favorite en visionnant les vidéos en compétition sur la page du projet. Chaque ville en lice met également sur pied un jury local. La participation de Québec, ville de littérature UNESCO est coordonnée par le Tremplin d'actualisation de poésie; c'est la championne ou le champion de la saison de slam du TAP qui a l'honneur de représenter la ville.
En 2020, Québec a été désignée championne ex aequo avec Manchester grâce à Thomas Langlois et à son slam intitulé Asphyxie. En 2023, quelques jours après avoir remporté le titre de Champion Slam du Québec et ce pour la troisième fois, Thomas Langlois, encore une fois grand champion de la dernière saison de slam du TAP, défend de nouveau la ville de Québec à Slam-O-Vision avec Poussières d'impensable.
Il s'est entretenu avec Québec, ville de littérature UNESCO.
Thomas, tu représentes en 2023 la ville de Québec à Slam-O-Vision, la compétition amicale de slam entre les 53 villes de littérature UNESCO, avec Poussières d'impensable, un slam très personnel que tu incarnes avec beaucoup de nuances. Peux-tu nous parler de l'écriture et de la performance de ce texte?
J’ai longtemps cherché les mots qui me semblaient les plus justes afin d’écrire à propos de ma relation avec mon petit frère. Si j’avais le désir d’aborder la chose, je me suis buté à plusieurs blocages créatifs et ce, pendant plusieurs années. En rétrospective, je pense qu’il me fallait trouver une certaine maturité quant au regard que je portais tant sur moi-même que sur ces enjeux délicats, afin de les aborder avec sensibilité et vulnérabilité. J’ai finalement osé performer ce texte devant un public plus imposant au Grand Slam, qui avait lieu en 2019 à Québec. Quelques années plus tard, j’ai découvert l’existence de la bande dessinée Le petit astronaute de Jean-Paul Eid (parue en 2021 aux Éditions La Pastèque) qui, comme moi, traite en partie le sujet à travers l’imagerie de l’astronaute. Après en avoir discuté avec Jean-Paul, je réalise la raison de cette coïncidence artistique : cet idéal d’une beauté qui nous dépasse sied tout particulièrement à la différence.
Tu œuvres également dans le milieu du théâtre et de la performance. Qu'est-ce qui fait que tu sais qu'un texte, qu'une idée, est un slam?
J’écris et, ensuite, je choisis la forme et le contexte de diffusion qui m’apparaissent les plus appropriés pour mes textes. Les exigences formelles propres au contexte du slam (texte de trois minutes, livré a capella) favorisent des performances « punchées » et simples, capables de se développer rapidement. Les textes très personnels qui flirtent avec le témoignage ou, au contraire, les textes très éclatés et explosifs, sont susceptibles de résonner avec la sensibilité immédiate du public de slam. Ces éléments m’amènent à choisir les textes que je présente en tant que « slams ». Ceci dit, je ne réserve pas mes textes écrits pour le slam (ou dans l’esprit du slam) uniquement à ce contexte : je les reprends souvent dans des créations plus longues, souvent hybrides, qui intègrent performance, théâtre et même, dernièrement, drag queen, ce qui me permet de redécouvrir mes textes, d’en complexifier l’univers et le propos.
Ton travail comme slameur est reconnu au Québec comme à l'international depuis plusieurs années déjà. Comme tu as eu la chance de vivre d'autres scènes slam, peux-tu nous éclairer sur ce qui distingue la scène slam de Québec des autres?
En fait, chaque scène possède un peu sa propre culture, une manière qui est sienne d’approcher et de faire rayonner le slam. Selon moi, la scène slam de Québec offre un bel équilibre entre le caractère compétitif intrinsèque du slam et la volonté d’un réel partage artistique. Il me semble en effet que les slameuses et les slameurs de la capitale nationale s’attardent à repousser leurs limites, tout en préservant, en chérissant, ce rapport essentiel au partage de sensibilités que permet le slam. De plus, je crois que la scène de Québec témoigne d’une approche « solennelle » du slam, qui magnifie sa nature profonde de spectacle et met en scène les règles de ce jeu à la fois social et artistique (en effet, n’oublions pas que toute cette compétition n’est, au final, qu’un jeu !) qu’il représente. Je pense que notre scène doit cela à la sensibilité d’André Marceau, slammestre de Québec, poète transdisciplinaire et performeur, en ce qui touche à la valorisation du potentiel de mise en spectacle de la poésie orale.
Parlant de scène, à Québec, où et comment s'initie-t-on au slam?
Il suffit de se rendre à une soirée de slam ; en ce moment, elles ont lieu le troisième mardi du mois à la Maison de la littérature. Et si l’envie nous prend de slamer, il suffit d’aborder directement André Marceau, slammestre et aussi directeur du Tremplin d’actualisation de poésie. Voici le site internet du TAP, qui en regroupe les activités, notamment celles liées au slam : https://www.tapoesie.com/slams-de-poesie.
Évidemment, on veut savoir ce sur quoi tu travailles pour les mois à venir et les meilleurs endroits pour suivre le fruit de ce labeur.
Pour l’instant, je souhaite me concentrer sur la production et la diffusion de mes spectacles solo qui mêlent slam, théâtre, performance et, en ce qui touche les deux derniers deux d’entre eux, drag queen : Carnaval Carnivore, L’homme-chimère, Marie Superstar et Cortège Corrosif. J’en suis présentement à travailler sur leur diffusion potentielle, je vous invite donc à suivre ma page Facebook professionnelle afin de suivre mes activité.
À PROPOS DE THOMAS LANGLOIS
Créateur tant multidisciplinaire qu’indiscipliné, Thomas Langlois pratique la poésie orale (slam), le théâtre corporel et grotesque, la performance et l’art multi, à travers des créations souvent hybrides telles que Cortège Corrosif (sortie de résidence ; slam, théâtre, performance et drag queen, 2023), Marie Superstar (slam-théâtre performatif et drag queen, 2023), L’homme-chimère (slam-théâtre performatif, 2023), Autour du Rose enfer des Animaux (art multi et théâtre, collectif Dans Ta Tête, 2022), Cabaret Cabotin (spectacle-laboratoire de doctorat ; théâtre grotesque et performatif, 2021), Carnaval Carnivore (slam-théâtre, 2019), ...manquante (collectif des P’lis d’langue, 2018), Imanipulaton (en collaboration avec Louis-Robert Bouchard ; poésie orale et art multi, 2017), Lapalissade (Dans Ta Tête, 2017) et Panpan ! (spectacle-laboratoire de maîtrise ; slam-théâtre, 2015). Il est cofondateur et cocréateur actif du collectifs Dans Ta Tête. Ses distinctions : Champion Slam de la Capitale (2011, 2015, 2017 et 2023), Champion Slam du Québec (2017, 2018 et 2023), Vice-champion du monde à la Coupe mondiale de slam de Paris (2018) et co-gagnant du concours international Slam-O-Vision de Melbourne (2020). Il est également titulaire d’un baccalauréat en théâtre, puis d’une maîtrise à l’Université Laval, où il a développé la théâtralisation du slam de poésie par l’intégration de la biomécanique de Meyerhold (jusqu’à créer son propre genre, le slam-théâtre). Il y poursuit des études doctorales sur le jeu cabotin.